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2015 et au-delà
par Henry Theriault
Cet article développe des observations de l'A. présentées à l'Université McGill et l'Université de Toronto, les 18 et 20 mars 2015, respectivement.
Il est un faux truisme, souvent répété, sur le génocide, à savoir que le déni est la phase finale d'un génocide. La chose est acceptée à un point si indiscutable qu'elle se fraie même une voie dans les théories officielles du génocide. C'est malheureusement totalement faux. Le déni n'est pas la phase finale du génocide, mais il est, au contraire, présent dans la plus grande partie du processus génocidaire. Lorsqu'ils s'y livrent, les perpétrateurs nient presque inévitablement qu'ils commettent un génocide. Par exemple, Talaat et ses affidés maintenaient catégoriquement que la violence qu'ils exerçaient contre les Arméniens n'était pas une extermination de masse unilatérale, mais au contraire une réaction à la révolte et la perfidie violente des Arméniens à Van et ailleurs. Ils soutenaient que les déportations avaient pour but de déplacer les Arméniens vers d'autres régions de l'empire, et non un moyen de détruire la population arménienne, village après village, ville après ville.
Nous observons des variations sur ce thème, dans tous les cas. Les Etats-Unis n'ont pas pourchassé les communautés américaines autochtones, n'ont pas tué ceux qui étaient sous leur contrôle et ne les ont pas forcés à intégrer des réserves destructrices; non, mon pays a combattu de soi-disant "sauvages" dans toute une série de "guerres indiennes." (Il suffit de consulter les témoignages historiques de violence extrême exercée par l'armée et la population des Etats-Unis, en général, qui ont torturé, violé, tué, puis mutilé des Américains autochtones, pour voir qui ont été les vrais sauvages.) Les Tasmaniens tuaient le bétail et même les colons, tandis que les Héréros se révoltaient. Les Juifs ont ourdi un complot mondial qui s'apprêtait à dominer d'honnêtes Aryens et devait être stoppé par les moyens les plus brutaux possibles. Les militants pro-démocratie en Indonésie constituaient en fait une insurrection communiste, tandis que les Mayas du Guatemala, qui semblent être des gens travailleurs dans une misère extrême, essayant simplement de survivre aux attaques de leur gouvernement et de l'élite fortunée de leur pays, sont en réalité des communistes, décidés à détruire les valeurs positives de leur société et à imposer un ordre politique et social détestable. Les Tutsis s'acharnaient à dominer les Hutus, qui n'avaient d'autre choix que de réagir, et ce sont les musulmans bosniaques, et non les Serbes, qui furent les agresseurs, bien que ces derniers fussent de loin bien plus puissants au plan militaire. De nos jours, la soi-disant rébellion dans les régions des Monts Nouba et du Nil Bleu ne laisse pas d'autre choix à "l'homme d'Etat" Omar el-Béchir de bombarder des milliers de civils à l'aide d'avions Antonov.
Le déni n'est pas une phase du génocide, mais fait partie de la mise en œuvre du génocide, en particulier lorsque les persécutions conduisent les perpétrateurs chevronnés à préparer leur défense face à des juridictions internationales, alors que le sang coule encore.
Il est certain que le déni est fréquent après un génocide, comme le faux truisme le relève justement. Mais ce n'est pas une phase finale. En effet, tant que le déni perdure, nous pouvons être sûrs que le processus génocidaire est toujours à l'œuvre. Le déni accompagne ce dispositif et encourage ses objectifs visant à "éliminer les conséquences" du génocide pour le groupe perpétrateur, y compris plusieurs générations et plusieurs siècles après la violence et la destruction. Le déni n'est pas la phase finale du génocide; il est la consolidation du génocide. (1) Un génocide est consolidé après la phase de destruction directe - parfois longtemps après - lorsque le groupe perpétrateur a rendu définitifs et irrévocables tous les différents bénéfices démographiques, politiques, identitaires, militaires, culturels, financiers, territoriaux et autres avantages matériels et symboliques réalisés et découlant du génocide, lorsque la situation post-génocidaire a été rendue totalement, complètement et irrémédiablement permanente, en sorte que, que le groupe victime ait disparu ou qu'il perdure encore, sa situation restera identique, dans la position durable de victime privée de compensations et de réparations. Au fil du temps, déni, traités motivés au plan géopolitique et autres facteurs contribuent tous au processus de consolidation. Ce qui est frappant au sujet de la consolidation, c'est que, quelle que soit la portée avec laquelle des forces complexes peuvent être blâmées au regard de la phase directe d'un génocide et laissent place à la repentance par le groupe perpétrateur, la consolidation est réalisée en pleine connaissance de ce qui est fait au moyen d'un génocide et de l'obligation morale de réparer que cela impose, et dans un rejet délibéré par le groupe perpétrateur de tout ce que les victimes ont pu faire de bien.
Un génocide rompt en profondeur le statu quo préexistant et dévaste, en particulier, la communauté victime. Tout simplement parce que la fin de la violence et des destructions d'un génocide ne signifie pas que leurs conséquences soient atténuées. Au contraire, tant que l'impact d'un génocide sur ses victimes demeure non réparé, cet impact continue de les dévaster à perpétuité. Malgré les vœux pieux de philosophes tels que Jeremy Waldron, comme l'a souligné Jermaine McCalpin (2), le temps ne cicatrise pas les blessures d'un génocide. Au contraire, d'une génération à l'autre, de plus en plus de gens sont blessés, avilis et agressés par la violence originelle. A chaque jour qui passe sans réparation, la portée de la destruction s'accroît. Le point limite final de ce processus n'est pas la réussite du déni, mais le point auquel le déni n'est plus nécessaire, puisque l'impact du génocide est devenu totalement irréparable, alors que les conséquences du génocide s'affirment sans cesse au sein du statu quo social, politique et économique global. Le déni ne s'achève pas avec le succès du déni, mais avec la consolidation totale et complète du génocide. Les génocides sont niés car leurs effets - à la fois matériels et en termes de mémoire historique - restent, heureusement, contestés. La consolidation peut advenir grâce au déni, au moment où le déni a effacé le génocide si complètement qu'il n'obtiendra jamais une prise en compte politique et juridique contemporaine, mais elle peut aussi se produire, lorsque le génocide est connu de tous et pourtant considéré comme si éloigné des préoccupations actuelles que ses résultats sont en général acceptés.
Ceci est évident à travers quelques exemples. Les génocides des Héréros, des Aborigènes d'Australie, des Canadiens autochtones et des Américains autochtones sont encore niés activement, précisément parce que les groupes victimes vivent encore les impacts des préjudices liés au massacre direct, à la destruction religieuse et culturelle, à l'internement dans des réserves, à l'avilissement des familles via des pensionnats et autres transferts forcés d'enfants de leurs groupes d'origine, etc., en sorte qu'un processus réparateur pourrait véritablement traiter ces dommages. Le déni empêche les réparations. Le déni de la Shoah continue, parce que les maux de l'antisémitisme qu'il a portés au maximum à un point terrifiant demeurent des forces vives dans la société humaine, à travers le globe; la Shoah perdure à travers son héritage consistant à faire des Juifs, déjà considérés comme des cibles idéales de l'oppression et de la violence, les cibles idéales d'une extermination en masse. Les dénis du Bangladesh, du Timor Oriental, du Cambodge et d'autres cas continuent parce que perpétrateurs et survivants vivent encore, et que le profond dommage causé à chacune de ces sociétés reste largement ignoré. La liste des génocides niés s'allonge.
Personne ne nie les génocides de Mélos et de Carthage, des Cathares ou ceux perpétrés par Gengis Khan, car la destruction qu'ils ont infligée au monde a été depuis longtemps totalement et irréparablement intégrée à l'ordre mondial. Pour ces génocides et tant d'autres, "s'en sortir" de toutes les manières possibles a constitué la phase finale. Combien de soi-disant grandes sociétés et grands Etats célébrés de nos jours et par le passé le sont du fait de leur succès total en matière de consolidation des génocides qu'ils ont perpétrés ?
Le faux truisme reflète un effet important du déni. Des années de déni après un génocide ébranlent en fait le cadre à travers lequel un génocide est perçu et compris. Face à une puissante campagne de déni, survivants et autres concernés, y compris au sein du groupe perpétrateur, se retrouvent dans un combat apparemment interminable, décourageant, humiliant et épuisant, pour obtenir simplement que la vérité soit reconnue par suffisamment de gens pour qu'elle ne soit pas effacée des annales de l'histoire humaine. Assez rapidement, le génocide en tant que tel se perd dans le combat contre le déni. Le combat contre le déni devient une fin en soi. La défaite du déni dans de telles circonstances tend à être considérée comme une justice rendue au génocide. Grâce à quoi, vaincu ou non, le déni l'emporte, en empêchant un groupe victime de voir que la défaite du déni ne lui rend pas justice, mais ne fait que le ramener au point de départ, à partir duquel un processus de justice peut enfin être lancé. Pour les génocides anciens, les groupes victimes et autres oublient que la reconnaissance du génocide contre le déni ne répare pas les dommages causés par le génocide, mais traite simplement le problème secondaire du déni. Ce n'est qu'en s'attaquant directement et substantiellement à ces dommages par un processus global de réparations que le monde peut faire son possible pour apporter la justice au groupe victime et à l'ensemble de l'humanité. (3)
L'attention récente portée aux réparations dans le cas arménien représente une évolution importante, qui dépasse l'accent mis sur le déni. Dans cette optique, il est clair que 2015, le 100ème anniversaire, ne devrait pas être conçu comme un point culminant dans l'histoire post-génocidaire du génocide ottoman des groupes minoritaires chrétiens. Si une reconnaissance advenait cette année, comme cela est possible - bien que je ne retienne pas mon souffle - cela signifiera seulement qu'enfin, un siècle après, les groupes victimes et autres concernés par les droits de l'homme pourront finalement commencer à aborder les dommages causés. Or les effets du génocide ne se mesurent pas par petits paquets de 10 ans, 50 ans ou 100 ans, que nous distinguons, après tout, du fait simplement d'un hasard de l'évolution qui nous a donné 10 doigts pour compter. Tant que des gens, en particulier ceux extérieurs aux communautés victimes qui ont besoin d'une belle histoire avant d'être disposés à s'intéresser à un héritage de violence de masse, attachent de l'importance à ce genre d'intervalles chronologiques, les conséquences du génocide se périment au sein d'une histoire complexe de chaînes causales matérielles et sociales, en sorte qu'aucune année ou date en particulier n'a véritablement de sens. Ou, pour être plus exact, chaque année et, en fait, chaque jour dans le long sillage d'un génocide ont une grande importance, jusqu'à ce que les préjudices soient traités d'une manière substantielle, véritablement transformatrice pour les groupes victime et perpétrateur.
L'Armenian Genocide Reparations Study Group (AGRSG - Groupe d'Etudes sur les Réparations du Génocide Arménien), que j'ai créé en 2007 avec Alfred de Zayas, avocat et juriste de renom international, Ara Papian, ancien ambassadeur d'Arménie au Canada et expert en diplomatique, et Jermaine McCalpin, dynamique politologue jamaïcaine, aide à accomplir ce centrage sur les réparations. Le Rapport final de l'AGRSG (4) analyse les préjudices causés et les justifications juridiques, historiques et éthiques présidant aux réparations, et propose ensuite un processus judiciaire transitoire et novateur pour les mettre en œuvre. Le rapport inclut la délimitation des restitutions territoriales et autres qui devraient être réalisées par la Turquie et l'analyse des modalités par lesquelles les réparations devraient être utilisées par la partie arménienne dans son ensemble, afin d'assurer la viabilité future de son Etat et de son identité globale.
Les dommages causés par le génocide arménien continuent d'être très présents aujourd'hui. Ils comprennent le dramatique impact démographique sur la population arménienne via le massacre direct et indirect, ainsi que l'assimilation forcée qui a réduit la population arménienne de l'empire ottoman à moins de 40 % de ses effectifs d'avant le génocide, mais aussi l'impact combiné sur le taux de natalité et le maintien de ses effectifs exercé par le viol et autres tortures; la misère rampante; les effets à long terme de la malnutrition; la dispersion globale; la perte des institutions religieuses, éducatives et autres, nécessaires à la cohésion des communautés arméniennes; et bien plus encore. Ajoutons à ces dommages les biens immenses perdus par les Arméniens. Non seulement les Arméniens ont été spoliés de pratiquement toutes leurs terres, entreprises, fermes, inventaires de magasins, stocks de nourriture et autres possessions de ce type, mais l'expropriation en masse est allée jusqu'aux objets les plus ordinaires, allant des chaudrons et casseroles de cuisine aux vêtements et aux chaussures que portaient les déportés. Le militant et écrivain turc Temel Demirer a déclaré à propos de ce vol massif que c'est grâce à ces biens des Arméniens que l'économie nationale de la nouvelle république de Turquie en 1923 fut fondée. (5) Qui plus est, depuis cette époque, les Arméniens ont perdu tout ce qui aurait pu être édifié à partir de cette richesse, qui se combine chaque jour, nombre d'entre eux s'étant appauvris au cours du siècle passé, puisque ce qui leur appartenait était nié. Et cette masse de ressources matérielles n'a pas simplement disparu. De riches familles turques, le gouvernement et des citoyens ordinaires ont perçu les bénéfices cumulatifs de tout ce que cette richesse leur a permis de construire, de son intérêt accumulé quotidiennement. De fait, des chercheurs comme Uğur Ümit Üngör et Mehmet Polatel ont retrouvé la trace des biens arméniens expropriés en remontant jusqu'aux familles dirigeantes contemporaines, au plan national et régional, certaines fortunes familiales ayant été bâties à partir des biens dérobés aux Arméniens exterminés. (6)
La destruction des aspects religieux, éducatifs, culturels, artistiques et autres de l'existence collective des Arméniens, couplée à l'effondrement démographique et à la dispersion globale, ont rendu l'identité et le peuple arménien fragiles, exigeant des efforts continuels, épuisants de la part des membres de la communauté pour simplement empêcher leur effacement. La destruction démographique, ainsi que les expropriations territoriales, tant individuelles qu'étatiques, de la période 1915-1923 constituent le facteur le plus important dans cette réalité que la république d'Arménie actuelle est un petit pays sans accès à la mer, de 3 millions d'habitants à peine, faisant face à une Turquie géante au plan économique et puissante au plan militaire de 70 millions d'habitants - une Turquie hostile qui bénéficie d'une formidable puissance régionale et d'une prééminence géopolitique, qui lui laisse quasiment les mains libres dans ses relations avec la république d'Arménie. Même si le génocide s'était produit sans que les forces ultranationalistes d'Atatürk n'envahissent et ne conquièrent la majeure partie de la république d'Arménie de 1918, l'historien Richard Hovannisian estime que l'actuelle république d'Arménie serait un Etat beaucoup plus vaste et solide, avec une population de l'ordre de 20 millions d'habitants. (7) Que signifierait actuellement pour une telle Arménie le fait de faire face à une Turquie plus petite au plan territorial et démographique ? Il est certain que les Arméniens peuplant la république et à travers le monde seraient infiniment plus en sécurité et profiteraient d'un niveau de bien-être collectif qui s'évanouit le 24 avril 1915.
Les Arméniens de Turquie ont supporté une grande part de l'impact du génocide. Après quasiment un siècle de souffrances dans un silence relatif, cet héritage d'oppression et de violence est maintenant bien connu. Si l'on songe aux Américains autochtones des Etats-Unis, aux Mayas du Guatemala, aux survivants d'abus sexuels dans l'enfance et autres groupes similaires, il semble évident que la situation la plus difficile qu'un groupe ou qu'un individu victime puisse connaître - par delà même la situation terrible de toutes les victimes - soit de rester soumis au groupe ou à l'individu perpétrateur. Bien au-delà des effets douloureux, dégradants du déni pour un groupe rescapé, la situation de ceux qui se trouvent encore sous la domination du perpétrateur est d'être constamment obligé de vivre au sein du monde de violence et de puissance du dommage originel, en se sentant toujours sur le point d'être replongé dans la violence, sans pouvoir fuir la terreur, ni avoir de place simplement pour pleurer ce qui s'est passé. D'autant que les groupes et individus perpétrateurs semblent ne jamais se satisfaire de ce niveau de nuisance continue exercée à l'encontre de leurs victimes, poursuivant, comme nous l'avons vu avec la Turquie, dans cette voie, comme la répression des fondations des minorités non musulmanes, l'expropriation de leurs biens (8) et l'assassinat de Hrant Dink.
Les réparations relatives au génocide arménien sont certainement justifiées au plan juridique, historique et moral, dans l'abstrait. Or, tandis que la république d'Arménie se débat au plan économique et politique, que la diaspora arménienne dépense une énergie de plus en plus grande pour être de moins en moins efficace au regard de la préservation de l'identité arménienne, et que les Arméniens de Turquie continuent de vivre sous la menace et l'oppression, les réparations sont une nécessité absolue, si la république d'Arménie, la diaspora arménienne et la communauté arméno-turque ont quelque avenir, et si le génocide de 1915 ne doit pas aboutir en 2065. L'évolution actuelle rend tout-à-fait possible que l'Etat échoue durant le prochain demi-siècle, que la communauté arméno-turque devienne un groupe définitivement soumis, sans le moindre espoir d'une véritable participation en tant que citoyens de plein droit dans leur Etat et sa société, et que l'identité arménienne devienne un effet résiduel et déclinant du génocide, plutôt que le point d'ancrage d'une communauté bien vivante qu'il devrait être.
L'histoire exhaustive du génocide arménien est loin d'être écrite.
Parallèlement à cette analyse de la nécessité des réparations, il convient de considérer certaines objections courantes soulevées contre les réparations, dans un cas comme le génocide arménien. Premièrement, un autre faux truisme est que le temps cicatrise toutes les blessures. Rien de plus faux, à moins d'entendre par cicatriser le fait que des groupes perpétrateurs et le monde en général puissent finalement oublier un génocide passé, lorsque le groupe victime finit par disparaître dans une ultime victoire du génocide. Tant que les dommages d'un génocide ne sont pas traités, ils perdurent et, en fait, s'aggravent au fil du temps, chaque génération du groupe victime se débattant avec ces mêmes dommages.
Si le temps est compté, il est compté pour les groupes perpétrateurs. A mesure que les Arméniens, les Assyriens et les Grecs rejoignent ce que j'appellerai le "Club des centenaires," dont l'expérience de la destruction dure depuis plus d'un siècle, c'est la Turquie qui devrait regarder le sable s'écouler dans le sablier avec pressentiment et inquiétude. Au fil du temps, les dommages deviennent plus difficiles à réparer, et ceux qui, dans les communautés victimes, ont vécu et sont morts privés de justice ne pourront jamais l'obtenir. Déjà, le Japon est sur le point de laisser tomber l'idée même de réparation pour tous les dommages causés aux "femmes de réconfort" - en réalité, nombre d'entre elles, sinon la plupart, étaient des jeunes filles mineures - que son gouvernement militaire soumit à un terrible servage sexuel durant la période 1931-1945. Ces jeunes filles et ces femmes furent internées dans d'atroces cantonnements et violées parfois 30 fois par jour, 6 jours par semaine, durant des mois et même des années. Beaucoup sont mortes, mais celles qui ont survécu réclament depuis un quart de siècle des excuses et une compensation significative via des réparations matérielles (nécessaires pour des choses comme leurs frais médicaux, alors qu'elles gèrent les effets à long terme de leur horrible captivité, souvent sans enfants pour les aider, en raison des hystérectomies pratiquées de force sur elles). Le Japon refuse et nie, et actuellement de nombreuses anciennes "femmes de réconfort" sont décédées. Le Japon a déjà manqué une occasion avec elle, et en tant qu'Etat et société, doit assumer la tache de ce terrible abus des droits de l'homme, tant qu'il continuera d'exister. Et lorsque la dernière ancienne "femme de réconfort" sera décédée, la tache sera complète. J'ai qualifié ce type d'impact de "dommage impossible." (9)
La Turquie et d'autres perpétrateurs similaires profitent du fait que les groupes nationaux, ethniques, raciaux et religieux, s'ils survivent à une tentative d'anéantissement, acquièrent avec le temps une cohésion identitaire, en sorte que, tant que le génocide ne connaît pas une réussite totale, il y a toujours un groupe pouvant accueillir des entreprises de réparation. Naturellement, la Turquie a déjà irrévocablement perdu sa plus grande opportunité de réparer le dommage causé aux survivants et à elle-même, puisqu'il n'y a quasiment plus de survivants directs du génocide qui soit en vie aujourd'hui. Rien ne peut plus être fait concernant cette chance délibérément perdue. Mais beaucoup peut encore être fait. Malheureusement, chaque jour, le dommage s'accroît et il y a de plus en plus de membres du groupe victime qui ont vécu et qui meurent sans réparation, et qui représentent donc une tache permanente grandissante pour l'Etat et la société perpétrateurs. Non seulement la Turquie, les Etats et les sociétés similaires ont échoué jusqu'ici à rendre justice aux Arméniens, aux Assyriens, aux Grecs et aux autres groupes victimes, respectivement, mais ils mettent en échec leurs propres générations à venir, en leur imposant le stigmate d'un génocide de plus en plus irréparable.
Deuxièmement, même en mettant de côté le statut juridique de la Turquie au regard de la perpétration du génocide arménien par la continuité étatique de l'empire ottoman et les forces de la république de Turquie, de 1919 à 1923, les Turcs de l'actuelle république de Turquie ont pour responsabilité de traiter les dommages causés par le génocide. Ils ne sont aucunement à blâmer pour cela (10), même s'ils le nient (bien qu'ils soient, cela dit, coupables de déni). Mais, comme leur Etat et leur société continuent de détenir les bénéfices réalisés et d'en tirer profit pour eux, comme les Arméniens continuent de souffrir des pertes matérielles, politiques et identitaires qu'ils ont subies, les Turcs d'aujourd'hui ont l'obligation de réparer ces dommages autant que possible. Naturellement, rien de semblable à une réparation pleine et entière n'est possible. Elles ne peuvent ramener les morts, ni faire reculer le déni pour effacer tout le préjudice réalisé, alors que les dommages causés aux Arméniens qui ont vécu et qui sont morts se sont aggravés, un siècle durant. Or, comme le montre le rapport de l'AGRSG, des réparations symboliques et matérielles significatives sont tout à fait possibles aujourd'hui; elles ne requièrent que la volonté politique et éthique de les mettre en œuvre. Les mettre en œuvre n'est pas injuste à l'égard des Turcs d'aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un fardeau que leur imposeraient les Arméniens, qui devraient simplement disparaître en douce. Au contraire, le fardeau du génocide est imposé aux Turcs et aux Arméniens d'aujourd'hui par les perpétrateurs du génocide, qui ont condamné leurs descendants à cette souillure morale du génocide depuis le siècle précédent et au-delà. Quelle que soit la portée des réparations réalisées par les Turcs aujourd'hui, le fardeau qu'ils assument en accordant des réparations n'est qu'une fraction infime du fardeau de perte et de souffrance, que le génocide continue d'imposer aux Arméniens. La campagne pour les réparations demande aux Turcs d'aujourd'hui d'assumer simplement une petite partie du fardeau que portent les Arméniens, de partager simplement une part de l'injustice, que l'histoire leur a imposé. S'il s'agit d'un sacrifice pour les Turcs d'aujourd'hui, ce sacrifice est opportun. Un tel sacrifice entérine la pleine réhabilitation de l'Etat et de la société turque, qui ont été forgés en partie par les nombreux perpétrateurs du génocide au sein du gouvernement et de l'armée de la république de Turquie, et qui ont conservé en profondeur, dans leur culture politique, les mêmes réflexes génocidaires à l'égard des victimes passées, tout en plaçant le génocide au premier plan. Les réparations sont nécessaires à la réhabilitation de l'Etat et de la société turque, comme peuvent en témoigner assurément les Kurdes, les Arméniens subsistants et autres communautés de Turquie.
Même une restitution territoriale substantielle à la république d'Arménie, qui semble susciter une crise existentielle chez certains Turcs, n'est pas une imposition totalement irrationnelle. Comment les Arméniens osent-ils, disent ou pensent de nombreux Turcs, réclamer une terre turque ? Or ce type même de réflexion trahit le problème. Cette terre est devenue turque grâce à l'idéologie génocidaire qui l'a dépeuplée de ses Arméniens. Posséder cette terre en dépit de la justice revient à se cramponner à l'idéologie génocidaire. Voilà pourquoi les réparations territoriales sont essentielles pour que la Turquie soit réhabilitée du génocide.
Une autre objection est que la demande de réparations, notamment territoriales, n'est qu'un vain mirage maintenu par de soi-disant "nationalistes arméniens" induits en erreur, qui refusent de vivre dans la réalité. La realpolitik constitue la morale dominante des relations internationales, et ne laisse aucune place à des impératifs moraux visant la réparation. Les Arméniens sont trop faibles pour imposer des réparations, et devraient se concentrer sur ce qui est véritablement possible. Qui plus est, le droit international, bien que fondé en grande partie sur le principe selon lequel les dommages doivent être réparés, ne possède tout simplement pas les mécanismes juridiques et procéduriers pour traiter le cas arménien et d'autres cas de longue date. Comme les groupes perpétrateurs tiennent bon depuis si longtemps, ils ont en fait rendu le droit non pertinent. Et même là où des lois et des procédures sont disponibles, les tribunaux locaux ne veulent pas avoir affaire à des questions aussi fondamentales, tandis que les tribunaux internationaux sont soumis à toute une série de forces politiques qui renvoie à nouveau cette affaire à la realpolitik. Où que se tournent des groupes victimes comme les Arméniens, la situation semble désespérée.
C'est exactement ce que ceux qui savent que leur pouvoir repose sur le génocide et l'oppression veulent qu'ils pensent. L'on dit sans cesse aux groupes victimes, aux groupes opprimés, qu'il n'y a pas d'espoir, qu'ils n'ont aucun pouvoir, que le realpolitik prévaut à chaque fois sur la morale. Pourquoi les puissants disent-ils cela ? Parce qu'ils savent que pour conserver leur pouvoir et leurs avantages mal acquis, ils doivent convaincre leurs victimes de le croire. Car, une fois que les groupes victimes croient que rien ne peut changer, rien ne changera. Félicitons-nous que les esclaves et les abolitionnistes aux Etats-Unis et à travers le monde occidental n'aient pas cru que le système de l'esclavage des Africains fût inévitable et ne pût s'effondrer. D'innombrables propriétaires d'esclaves au sud des Etats-Unis ont certainement fait valoir cette thèse en 1855, pour finalement voir l'esclavage s'achever en une décennie. Et leurs descendants firent de même au sujet de la ségrégation, mais Martin Luther King, Jr., Malcolm X et des millions d'autres refusèrent d'y croire et continuèrent de faire pression, jusqu'à ce que le monde ait changé. L'on a sûrement dit à Gandhi en 1935 que la décolonisation était un vain mirage, et heureusement il refusa de se plier à une "réalité" aussi oppressive. Rien dans ce monde n'est donné, et autant l'histoire humaine est peuplée par le génocide et l'oppression, autant elle est peuplée par les efforts de ceux qui s'y opposent et en triomphent. Quand bien même nous puissions débattre de la nature de la "justice" comme cadre philosophique, des théories éthiques divergentes semblent toutes s'accorder sur le fait que causer des souffrances à autrui est mal et impose une obligation d'aider ceux qui subissent ces souffrances. Plutôt que de succomber aux limites apparentes de la politique et du droit, s'ils ne permettent pas de faire prévaloir la justice (même si, de tout temps, la promotion de la justice a été leur unique validation), à nous de transformer la politique et de réécrire le droit. La politique et le droit doivent se conformer à la justice véritable, et non dicter à l'humanité une ombre chétive, anémique de ce qui est juste.
Les exemples de King, de Gandhi et d'autres laissent supposer quelque chose d'autre, que nous devrions considérer. J'ai parlé plus haut de l'importance des réparations collectives pour des peuples comme les Arméniens, quant aux réparations individuelles, qui ne contribuent pas à la reconstruction et à la refondation du peuple dans son ensemble. (11) Mais j'aimerais maintenant pousser ces idées plus avant. La réalité actuelle que nous vivons à travers le globe est un ordre mondial forgé grâce aux forces de la guerre agressive, du colonialisme, de l'esclavage, de l'apartheid, de l'exploitation économique, du viol de masse et du sexisme, et, naturellement, du génocide.
On pourrait objecter que, puisque les forces profondes de changement destructeur sont aussi dramatiques et flagrantes, et que leur résultat est si souvent absent que cela signifie qu'il n'y a rien à voir, le processus de déni inhérent aux règlements politiques et aux sociétés humaines nous amène tous, d'autant plus volontiers, à ne pas saisir l'impact du passé sur le présent. Benedict Anderson a certes relevé le processus par lequel ce qui devint des nations en Europe et ailleurs fut bâti via un processus d'homogénéisation linguistique et conceptuel (12), mais comme Ernest Renan l'a expliqué un siècle avant lui, ce processus de formation d'une nation s'accomplit à travers une longue période de destruction qui peut inclure à la fois l'élimination physique de populations divergentes et la destruction culturelle de groupes concurrents, au plan linguistique, ethnique et autres. (13) N'oublions pas que la christianisation des Arméniens au 4ème siècle de notre ère fut menée grâce à la destruction généralisée et maintenant tout à fait regrettable de la religion, de la culture et de l'art du paganisme préexistant. Reconnaître les forces de changement destructeur qui ont forgé la réalité que nous habitons n'est guère difficile, dès lors que nous savons que nous partons en quête de présences incongrues et d'absences lumineuses, éclatantes. Prenons l'Europe, par exemple, avec sa multitude de cultures; de langues; de règlements politiques; de grandes traditions philosophiques, littéraires et artistiques. Et pourtant, au milieu de notre regard, un remords tenace aux confins de la conscience et de l'histoire nous interroge : où sont les Juifs ? Répondre en Israël ou aux Etats-Unis, au Canada ou ailleurs élude la question. Conglomérat de groupes partageant une religion et un sentiment d'identité dans des régions allant de la Russie à la France, ce groupe a joué un rôle central dans la constitution même de l'identité et de la société européenne pendant un millénaire, mais maintenant il a presque disparu, comparé à cette présence antérieure, ses apports considérables rayés de la carte, au fil des siècles, via les expulsions d'Angleterre, les conversions forcées en Espagne, les pogroms en Russie, etc., et puis, bien sûr, ce moment culminant de l'antisémitisme destructeur à l'échelle du continent, la Shoah. Le monde qui est le nôtre aujourd'hui est le produit de ce traitement des Juifs.
L'absence des Juifs en Europe est inversement proportionnel à la présence des Afro-Américains aux Etats-Unis. Ils sont présents au quotidien, aux plus hauts échelons de la célébrité, de la politique et des affaires, mais aussi dans les grands ghettos qui ponctuent les villes, grandes et petites, des Etats-Unis, dans le système des prisons aux Etats-Unis qui incarcère plus de gens que dans le reste du monde combiné, et dans les hantises de la bonne société blanche. Combien de milliers d'heures sont-elles consacrées par les débats télévisés et les rapports universitaires et gouvernementaux pour tenter d'expliquer pourquoi la majorité des Afro-Américains vivent une pauvreté et une violence endémiques ? Pourquoi y a-t-il un pourcentage aussi élevé de Noirs pauvres ? La réponse semble si complexe qu'il est impossible d'y répondre. Pourquoi ? Je trahis peut-être les simples limites de mon esprit en soulignant ce qui semble évident, mais la misère des Noirs ne résulte-t-elle pas directement de l'esclavage, des lois Jim Crow sur la ségrégation et la discrimination, ou plus exactement du fait que les torts extrêmes créés par ces dernières n'ont jamais été réparés ? La libération des esclaves a succédé à des générations marquées par l'analphabétisme et l'exclusion éducative imposés par la loi et la violence; par la destruction des familles, la torture, le viol et la déchéance qui ont miné au plan matériel et traumatisé au plan psychologique cette population; et par la perte de 250 ans de travaux forcés extorqués pour bâtir les colonies anglaises, puis les Etats-Unis. Si, pendant une brève période durant la reconstruction, quelques réparations mineures furent réalisées, sous la forme de terres nécessaires aux anciens esclaves pour devenir des citoyens de la classe ouvrière, ces 40 acres [16 hectares] et un mulet furent rapidement récupérés par l'Oncle Sam et les propriétaires d'esclaves, ainsi dédommagés de la perte de leur bien - leur bien. L'immense majorité des Afro-Américains fut raccordée à l'économie capitaliste, déjà des plus inhospitalière, des Etats-Unis, sans capital, ni formation, ni études, ni être pleinement reconnus en tant qu'êtres humains. Faut-il s'étonner qu'ils aient commencé pauvres ? Qu'ils soient restés pauvres ? En dépit de la mobilité ascendante (et descendante) aux Etats-Unis, une classe sociale est en général constante d'une génération à l'autre, pour une simple raison d'héritage. Ceux qui ont de l'argent le remettent à leurs descendants, lesquels sont raccordés à l'économie en ayant des biens, alors que ceux qui en sont démunis n'ont rien à offrir à leurs enfants, lesquels se retrouvent au même niveau inférieur que leurs parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Ajoutons à cela la puissance d'exclusion et de discrimination des lois Jim Crow, qui ont empêché les Noirs de rejoindre les divers groupes immigrés caucasiens dans leur ascension économique et ont retiré tout ce qu'ils pouvaient acquérir, afin de les maintenir là même où ils avaient toujours été, alors la misère des Noirs aujourd'hui n'est pas seulement explicable, mais inévitable.
Si rétablir chaque exemple de ce genre d'injustice historique constitue un pas dans la bonne direction, cette approche des réparations n'est pas simplement un agrégat de cas à partir de groupes isolés. Les réparations sont un processus de transformation globale grâce auquel nous pouvons enfin commencer à remanier notre monde, en quittant les structures résultant du génocide et de toutes ces autres forces destructrices, terribles, pour une vision dans laquelle tous les êtres humains ont une dignité et suffisamment à se nourrir, dans laquelle tous les peuples peuvent vivre, libérés de la violence et de la déchéance. La "solidarité," dans son sens véritable, ne signifie pas seulement reconnaître la similitude d'expériences et de combats et rassembler des groupes différents au sein d'un réseau de soutien mutuel. Elle est bâtie sur la reconnaissance du fait que les groupes victimes sont réunis dans un monde unique, unifié et partagé, forgé par le génocide, l'esclavage, l'impérialisme, etc., et qu'en profondeur, ils font face à une puissance commune d'oppression et de destruction, laquelle doit être traitée globalement, pour que le succès local d'un seul groupe ne soit pas cyniquement contrebalancé par une évolution dans la structure qui signifierait la victimisation d'autres groupes. Le problème est si important et le rôle des groupes individuels si imbriqués qu'il ne peut être résolu pour chaque groupe que par une approche globale coordonnée. A mesure que chaque groupe spécifique réclame justice contre l'héritage de la violence de masse et l'oppression qu'il a vécu, il doit le faire de manière à entrer en résonnance avec et promouvoir tous les autres groupes dans le combat pour la justice à travers le monde.
Posée ainsi, la tâche ci-dessus semble des plus décourageante. Si le monde a pris plus d'un demi-millénaire pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, il va de soi qu'une mutation de cette ampleur ne se fera pas en un jour grâce à quelque révolution imaginaire. Heureusement, durant ces dix dernières années, un mouvement pour des réparations globales a émergé. Juifs, Héréros, Afro-Américains, Américains autochtones du Nord et du Sud, Aborigènes, Noirs d'Afrique du Sud, anciennes "Femmes de réconfort," Assyriens, Grecs, toute une foule d'autres groupes et, bien sûr, les Arméniens prennent de plus en plus conscience de leur cause commune et travaillent à ce noble objectif d'un monde réparé. Quel que soit le temps que cela prendra, si nous nous engageons pour un ordre mondial véritablement juste et bienveillant, nous devons tous prendre une part active à ce combat.
Notes
1. Ce concept et cette approche sont pour la première fois présentés in Henry C. Theriault, "Denial of Ongoing Atrocities as a Rationale for Not Attempting to Prevent or Intervene," in Samuel Totten, ed., Impediments to the Prevention and Intervention of Genocide: A Critical Bibliographic Review. "Genocide: A Critical Bibliographic Review" book series, Vol. 9 (New Brunswick, NJ, USA: Transaction Publishers, 2013), p. 47-75.
2. Jermaine O. McCalpin, "Reparations and the Politics of Avoidance in America,"The Armenian Review53:1-4 (2012), p. 11-32.
3. Cette argumentation est développée in Henry C. Theriault, "From Unfair to Shared Burden: The Armenian Genocide's Outstanding Damage and the Complexities of Repair,"The Armenian Review53:1-4 (2012), p. 121-166.
4. Le rapport complet est consultable sur www.armeniangenocidereparations.info.
5. Temel Demirer, prés., table ronde "The 'Armenian Issue': What Is and How Is It to Be Done ?", colloque "1915 within Its Pre- and Post-historical Periods: Denial and Confrontation," Ankara, Turquie, 25 avril 2010.
6. Uğur Ümit Üngor et Mehmet Polatel, Confiscation and Destruction: The Young Turk Seizure of Armenian Property (London, UK: Continuum International Publishing Group, 2011).
7. Richard G. Hovannisian, conférence, Armenian Relief Society Armenian Summer Studies Program, Amherst College, July 1991.
8. Sait Çetinoğlu, "Foundations of Non-Muslim Communities: The Last Object of Confiscation,"International Criminal Law Review 14:2 (2014), p. 396-406.
9. Henry C. Theriault, "Repairing the Irreparable: 'Impossible' Harms and the Complexities of 'Justice,'" in José Luis Lanata, ed., Prácticas Genocidas y Violencia Estatal: en Perspectiva Transdisciplinar (San Carlos de Bariloche, Argentina: IIDyPCa-CONICET-UNRN, 2014), p. 182-215.
10. Cette distinction est mise en forme par George Sher dans son traitement de la différence entre "faute" et "responsabilité" in "Blame for Traits," conférence plénière, 28th Conference on Value Inquiry, Lamar University, Beaumont, TX, USAn 14 avril 2000.
11. Henry C. Theriault, "Reparations for Genocide: Group Harm and the Limits of Liberal Individualism,"International Criminal Law Review 14:2 (2014), p. 441-469.
12. Benedict Anderson, Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, rev. ed. (London, UK: Verso-New Left Books, 1991).
13. Ernest Renan, "What Is a Nation ?", Martin Thom (trans.), in Homi K. Bhabha, ed., Nation and Narration (New York, NY, USA: Routledge, 1990), p. 8-22.
[Docteur en philosophie, mention Philosophie sociale et politique, de l'université du Massachusetts (1999), Henry C. Theriaultenseigne depuis 1998 au Worcester State College, où il dirige le département de Philosophie. Il est depuis 2007 corédacteur en chef de la revue scientifique Genocide Studies and Prevention. Ses recherches sont centrées sur les approches philosophiques des questions liées au génocide, en particulier la négation du génocide, la justice à long terme et le rôle de la violence contre les femmes lors d'un génocide. Il est l'A. de nombreuses conférences aux Etats-Unis et à travers le monde.]
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Traduction : © Georges Festa - 10.2015
Reproduction expressément soumise à autorisation de l'A. et du traducteur.