Nicolas Ruelle, Inner World, 2017, 60 x 120 cm
Les traces juxtaposées. Comme on découvre la terre. Dans cet entre-deux. Lire ce qui a été. Sera. Déployer le regard. Effacer du doigt. Masques et cendres. Au bord du volcan. Prêt à dissoudre, englober. Tes Venises. La gamme des successions. Improvisées, qui t'échappent. Fusion de nuit. Aigue-marine. Ce qui se joue là. La fresque insoupçonnée. Surgissant du vide. Dévorante. Par où se glissent paysages et feux. Ce qui accourt, se mêle. Brûlures, nuées. Aube ou crépuscule. L'anse noire, comblée d'écume. Les immensités vaines. Qui t'aspirent. Imperceptibles embarcadères. Vigies muettes. Lorsque tout est accompli. Les disparitions sûres. En apesanteur. Tel un dernier graffiti. Convocations reptiliennes. Qui font jouer carapaces et écailles. Braises imperceptibles. La catastrophe qui vient. Précédant l'engloutissement. Ultimes majestés. Dans cet archipel oublié. Failles, cratères. Au plus humble. Déjà les formes s'abandonnent. Reprennent les clés. Défont l'horizon. Utopies insulaires. Ou cauchemars. Ce qui rôde, guette. T'échappe. Aplats, à-coups de la mémoire. Variations définitives. Ou testaments provisoires. Les alliances impossibles. Nécessaires. D'avant l'homme. Les mots. Mosaïque burlesque. Se riant des logiques. Déferlante. Creuser encore. Fouiller. Derrière la gangue. Les premières gemmes. Retours nocturnes. Nimbés de nacre. Car il n'y aura pas de nom. Basculements de sphères. Tours, laves. L'instant te convoque. Bruissements. Bouillonnements. Plonger encore. Gagner les hauts-fonds. La matrice originelle. Passage. Défilé des certitudes. Quand la mosaïque se révèle. Visages. Cendres. Cimes. Déjà le film s'efface. Rebat les cartes. Ce mur érodé. Gagné par la marée. Les possibles. L'inouï. Pressentir la genèse. Imminente. Les songes fertiles.
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musique : Tōru Takemitsu, Nostalghia, 1987
© georges festa - 12.2018
site de Nicolas Ruelle : http://nicolasruelle.com/