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'Une question de conscience' : entretien avec Samuel Totten, chercheur et militant anti-génocide, par Aram Harumi / 'A Matter of Conscience': An Interview with Genocide Scholar and Anti-Genocide Activist Samuel Totten, by Aram Harumi

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 © Routledge, 2012


"Une question de conscience" :
entretien avec Samuel Totten, chercheur et militant anti-génocide
par Aram Harumi


Samuel Totten, universitaire américain, est sans doute plus connu pour ses recherches sur le génocide. La plupart des gens ignorent cependant son action sur le terrain contre le génocide.

"Le génocide au Darfour a eu sur moi un impact à la fois proche et personnel," nous précise Totten lors d'un récent entretien. Durant l'été 2004, Totten a fait partie des 24 enquêteurs du United States Atrocities Documentation Project [Programme de Documentation des Etats-Unis sur les Atrocités], qui avait pour but d'interviewer des survivants sur leur vécu lors des attaques perpétrées par les troupes du gouvernement soudanais et les janjawids (milices mercenaires) contre les populations africaines noires du Darfour.

Quatre ans plus tard, lors d'une brève étape à Nairobi, une rencontre fortuite l'a amené à se rendre dans les Monts Nouba pour la première fois. Il fait alors la connaissance de gens qui ont survécu au génocide dit "d'usure" des populations des Monts Nouba durant les années 1990.    

Suite à cette première visite, Totten est revenu à plusieurs reprises dans la région afin d'interviewer des survivants. Puis, lorsque la guerre éclata entre le gouvernement du Soudan et les rebelles Nouba (Mouvement Populaire de Libération du Soudan - Nord) en juillet 2011, les missions de Totten dans les Monts Nouba prirent un tournant dramatique, passant de la conduite d'interviews à la mise en œuvre d'opérations humanitaires.

Les missions de Totten dans les Monts Nouba sont toujours en cours. "Ni les Nations Unies, ni leurs agences, ni les organisations non gouvernementales n'apportent quelque aide ou protection que ce soit, quasiment rien," déclare-t-il. "Je ressens une obligation de maintenir le cap sur les Monts Nouba. Ne pas le faire serait abandonner le peuple Nouba à son sort."

Aram Harumi a récemment rencontré Totten pour The Armenian Weekly afin d'en savoir plus sur son action dans les Monts Nouba. Ci-dessous leur entretien dans son intégralité.

***

- Aram Harumi : Tout d'abord, pourquoi cet intérêt pour les études sur le génocide ?
- Samuel Totten : C'est une très longue histoire, en fait, que j'ai présentée, du moins en partie, dans deux études différentes dans deux ouvrages différents : Pioneers of Genocide Studies, édité par Samuel Totten et Steven Jacobs (Transaction Publishers, 2002), et Advancing Genocide Studies (Transaction Publishers, 2015). Ces études s'intitulent "Une question de conscience" et "Une question de conscience : 2ème partie."

En résumé, cet intérêt est né de mes recherches sur les prisonniers d'opinion avec Amnesty International (AI). L'élément déclencheur a été un article de Rose Styron, grande militante des droits de l'homme et épouse du romancier William Styron, décédé depuis (auteur d'œuvres de fiction comme Les confessions de Nat Turner1 et Le choix de Sophie2, parmi bien d'autres). Le texte de Rose Styron s'intitulait simplement "Torture in Chile" [La torture au Chili].3 Diplômé depuis peu de l'université, me considérant assez bien informé, j'étais a) abasourdi, stupéfait de voir que la torture qu'elle décrivait était une réalité dans de nombreuses parties du monde, et même omniprésente; b) horrifié par le côté atroce de la torture et le fait que certains gouvernements y soumettaient leurs propres citoyens et de soi-disant ennemis au nom de la sécurité nationale; et c) honteux d'admettre que j'ignorais à ce point ce qui se passait à travers le monde. C'est cet article, en fait, qui a décidé de mon engagement et de ma carrière dans le domaine des droits de l'homme et des études sur le génocide.

Après avoir exercé durant deux ans (1976-1978) des missions avec AI en Australie et plusieurs années avec des bénévoles d'AI au Népal, en Israël et aux Etats-Unis, j'ai eu la chance de me lier d'amitié avec le docteur Israël W. Charny, professeur de psychologie de l'université de Tel Aviv, reconnu maintenant comme l'un des doyens des études sur le génocide. A l'époque, j'enseignais l'anglais à la Walworth Barbour American International School en Israël. Son fils y était élève et un de ses professeurs avait parlé à Charny de mon engagement dans les droits de l'homme. Charny travaillait alors sur son premier ouvrage consacré au génocide et, durant le reste de mon année en Israël, nous avons commencé à parler du génocide.

A mon retour aux Etats-Unis, Charny m'a demandé de collaborer à un chapitre de ce qui allait devenir le premier volume dela collection Genocide: A Critical Bibliographic Review.4 Ma contribution s'avéra si détaillée et si longue que Charny, au lieu de la rejeter comme tant d'éditeurs l'auraient fait - ou, du moins, auraient insisté pour que j'en enlève les trois-quarts - me conseilla de la revoir et ainsi d'en faire trois chapitres.       

A ce moment-là, j'avais obtenu mon doctorat à l'université Columbia et je m'apprêtais à intégrer une fac. Parallèlement, je me disais : "Des milliers et des milliers de gens à travers le monde s'attaquent au problème des violations des droits de l'homme, mais, paradoxalement, seule une poignée s'attaque à la question du génocide." En fait, c'est cette prise de conscience qui m'a conduit à écrire mon premier livre sur le génocide et, ce faisant, devenir un autodidacte concernant la théorie du génocide, l'histoire du génocide, les cas particuliers de génocide, les questions de la prévention et de l'intervention en cas de génocide, etc. C'était en 1987.

- Aram Harumi : En quoi le génocide du Darfour t'a-t-il influencé ?
- Samuel Totten : Le génocide du Darfour m'a touché de près et personnellement. Durant l'été 2004, j'ai fait partie des 24 enquêteurs du Projet de Documentation des Etats-Unis sur les Atrocités [United States' Atrocities Documentation Project], chargé notamment d'interviewer des survivants sur leur vécu, victimes de la stratégie de la terre brûlée pratiquée par les troupes gouvernementales du Soudan et les janjawids (milices mercenaires) contre les populations africaines noires du Darfour.

Avec mon collègue, un avocat du Département de la Justice des Etats-Unis, j'ai interviewé 49 survivants. Chaque entretien durait de une heure et demie à deux heures, et ils entraient dans tous les détails, même les plus horribles, des attaques : les viols collectifs visant les jeunes filles (parfois âgées de 8 ans) et les femmes noires africaines; l'empalement et le meurtre de nourrissons noirs sous les yeux de leurs mères; l'immolation des Africains noirs âgés incapables de fuir leurs toukouls (cases circulaires), après avoir été enflammés; les fusillades, les coups et les tortures infligées aux Africains noirs qui tentaient de fuir l'attaque. Huit heures par jour, sept jours sur sept, nous avons mené ces entretiens. Souvent je devais me mordre les lèvres pour cacher mon émotion face à ces survivants, mes interlocuteurs. Ma colère était telle que j'avais envie de m'en prendre personnellement aux perpétrateurs.

Je me suis saisi de cette rage et je l'ai canalisée en travaillant sans cesse (en menant des enquêtes de terrain dans les camps de réfugiés le long de la frontière entre le Tchad et le Darfour, celle du Soudan et, plus récemment (depuis 2010), dans les Monts Nouba au Soudan; en écrivant et en publiant plus de 50 contributions pour des journaux à travers le monde; en écrivant et en publiant cinq livres, deux sur le Darfour et trois sur les Monts Nouba; en donnant des conférences aux Etats-Unis et en Europe sur le calvaire des populations du Darfour et des Monts Nouba; et, plus récemment (depuis 2012), en faisant parvenir de la nourriture à ces mêmes populations qui souffrent de malnutrition sévère et de famine dans les Monts Nouba).

- Aram Harumi : Plus précisément, qu'as-tu appris des Monts Nouba ?
- Samuel Totten : Suite à mon action avec le Projet de Documentation sur les Atrocités, en juillet et en août 2004, j'avais très envie de partir au Darfour interviewer des survivants du génocide. Durant six ans, j'ai tout tenté pour obtenir l'autorisation d'entrer au Darfour, en vain. (A mon avis, c'était dû au fait que le gouvernement du Soudan était au courant de mes publications qui le critiquent pour ses agissements au Darfour.)

Bref, en 2008 je travaillais en tant que boursier Fulbright à l'université nationale du Rwanda et je devais prendre un avion pour donner une conférence sur le Darfour à l'université de Chicago. Durant une escale à Nairobi, deux types ont embarqué et se sont assis à côté de moi, ils travaillaient au Soudan et rentraient aux Etats-Unis pour un congé. Je leur ai parlé de mes difficultés pour entrer au Soudan. L'un d'eux m'apprit que des survivants du génocide du Darfour se trouvaient en fait dans un camp de déplacés non loin de là où il vivait dans les Monts Nouba, en me disant qu'il pensait pouvoir s'arranger pour me faire entrer là-bas sans que le gouvernement du Soudan le sache (et donc que je n'aurais pas besoin de demander un visa), et qui plus est, gratuitement, à bord d'un avion cargo que possédait son organisation.

Quelques mois plus tard, j'ai décollé de Nairobi pour Kauda dans les Monts Nouba pour interviewer les survivants dans ce camp de déplacés. Durant mon premier séjour, puis mon second séjour dans les Monts Nouba, j'ai commencé à rencontrer des gens qui avaient survécu au génocide dit "d'usure" des populations des Monts Nouba durant les années 1990. Réalisant que j'avais facilement accès à ces personnes, je suis revenu plusieurs fois dans la région pour les interviewer. Puis, quand la guerre a éclaté entre le gouvernement du Soudan et les rebelles Nouba (Mouvement Populaire de Libération du Soudan - Nord) en juillet 2011, j'ai commencé en 2012 à faire venir de la nourriture vers les civils Nouba dont les fermes étaient bombardées et qui cherchaient désespérément de la nourriture.

- Aram Harumi : Durant tes voyages, t'es-tu senti en danger ?
-  Samuel Totten : Pas durant mes deux premiers voyages dans les Monts Nouba en 2010 et 2011, mais plutôt durant les cinq derniers en 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016, pendant que la guerre faisait rage entre les Nouba et le gouvernement soudanais.

Sans répit - que nous soyons chez les gens, dans des souks (marchés publics) ou en train de voyager - les bombardiers Antonov en mission de bombardement nous survolaient. Naturellement, personne ne savait exactement où les Antonov largueraient leurs bombes, donc chaque fois qu'un Antonov passait, tout le monde se ruait - soit vers un de ces trous de plus de deux mètres de profondeur que les gens ont creusé autour de leurs foyers et de leurs souks, soit vers le désert en quête d'une anfractuosité où se replier, d'un gros rocher ou d'un grand arbre où se cacher pour se protéger des shrapnels. Ces éclats d'obus sont de gros éléments de métal tordu qui volent et qui sont capables, littéralement, de réduire un corps en bouillie, comme de la viande hachée. Le shrapnel est aussi capable, là aussi littéralement, de cisailler une tête, un bras ou une jambe. J'ai vu des dizaines de gens dans les Monts Nouba qui ont perdu leurs jambes et leurs bras après avoir été frappés par un éclat d'obus.

Lors d'un voyage aux Monts Nouba en 2015, plusieurs Antonov nous ont survolés à cinq reprises durant une heure. A chaque fois, tout le monde dans le souk se précipitait pour trouver un abri, puis alors que nous étions dans notre véhicule, on a tous sauté et on a couru dans un sauve-qui-peut général. A chaque fois, un Antonov nous survolait, en tout cas c'était comme ça pour moi, personne ne savait si c'était son dernier jour à vivre.

Mon expérience la plus effrayante dans les Monts Nouba s'est passée aussi en 2015, mais durant un autre voyage. Mon équipe et moi (à savoir, mon chauffeur, mon interprète et moi) on venait juste d'arriver dans une petite ville appelée Heiban sur notre route à travers le désert. 15 à 20 minutes après notre passage, un avion de chasse Soukhoï a déboulé et a tiré un missile sur trois adolescents qui couraient vers un des trous dont je te parlais. Le missile a littéralement coupé en deux un des garçons. Le lendemain, son père a apporté les deux moitiés de son fils vers sa tombe et les a déposées pour qu'elles soient incinérées. Je suis sûr que si, avec notre Land Cruiser blanc, on avait traversé Heiban lors de l'attaque du Soukhoï, on aurait été pris pour cible - une cible idéale, vraiment - et que s'il avait atteint notre véhicule avec un missile, on aurait été réduits en cendres. Non seulement on avait un réservoir plein de pétrole, mais on transportait aussi des jerrycans de pétrole, car il n'y a pas de stations-service dans les Monts Nouba.

- Aram Harumi : C'est plus facile de collecter des fonds et de se contenter de filer de l'argent aux gens qui travaillent dans ces relais humanitaires. Qu'est-ce qui t'a poussé à prendre les choses en main, à te rendre dans la région et à distribuer de la nourriture ?
- Samuel Totten : C'est sûr, tu as raison, c'est bien plus facile de collecter de l'argent et de l'envoyer à telle ou telle organisation qui agit au nom des populations des Monts Nouba (même si, malheureusement, très peu le font).                

Dès le départ, mon intention quand je collectais des fonds, que j'achetais de la nourriture et que je l'acheminais par camion vers les Monts Nouba, était d'apporter de quoi manger aux populations les plus sinistrées des Monts Nouba - à ces gens qui, pour telle ou telle raison, n'avaient pas facilement accès à de la nourriture ou qui n'en recevaient pas des organisations humanitaires locales présentes dans les Monts Nouba. J'avais l'impression et je pensais que c'était comme ça que je pouvais contribuer à aider les Noubas. Résultat, chaque fois que je revenais dans les Monts Nouba, je tenais à parler aux gens informés (la Nuba Relief, Rehabilitation and Development Organisation (NRRDO), une organisation humanitaire locale, des dirigeants du Mouvement Populaire de Libération du Soudan - Nord, et des journalistes, entre autres), des groupes de population les plus nécessiteuses dans les Monts Nouba, à savoir là où j'allais distribuer de la nourriture.

En fin de compte, c'était bien, comme les titres des deux chapitres que j'ai rappelés au début de cet entretien, une question de conscience.

- Aram Harumi : As-tu été témoin de situations semblables dans d'autres régions du monde ?
-  Samuel Totten : Oui, mais jusqu'à présent je me suis concentré sur le calvaire des populations des Monts Nouba. Les trois autres endroits où je pense vraiment aller pour apporter de l'aide sont le Burundi, la République Centrafricaine et la Birmanie (Myanmar).

Si je suis resté focalisé sur les Nouba et si je ne suis pas allé ailleurs, c'est principalement pour trois raisons. Premièrement, comme ni les Nations Unies, ni une de leurs agences, ni aucune organisation non gouvernementale n'apporte une quelconque aide ou protection, en fait rien du tout, je me sens obligé de maintenir le cap sur les Monts Nouba. Ne pas le faire serait les abandonner à leur sort. Deuxièmement, il faut pas mal de temps pour réaliser quelle est la situation sur le terrain dans des pays différents, quel type d'assistance est nécessaire et quels sont les contacts nécessaires pour mener une mission de façon satisfaisante. Et puis, chacun des pays que je viens de mentionner pose des risques spécifiques aux étrangers, il faut en être informé et savoir comment les éviter le plus possible - ou, du moins, les gérer pour ne pas finir mutilé ou tué.

- Aram Harumi : Pourquoi ce scandale de la non-reconnaissance par le gouvernement du Soudan de la malnutrition des populations des Monts Nouba ?
- Samuel Totten : Bombarder des fermes, obliger les gens à en sortir, à quitter les villages et les éloigner de leurs sources de nourriture est le mode opératoire du gouvernement soudanais. J'imagine donc que ce gouvernement ne va pas perdre pas son temps à se soucier des souffrances et du sort des populations des Monts Nouba. En fait, je suis convaincu qu'en refusant aux Noubas un accès facile à la nourriture, le gouvernement soudanais espère les chasser des Monts Nouba et par delà la frontière vers un autre pays et/ou dans des camps de réfugiés. Autrement dit, il s'agit là d'un stratagème pour épurer la région des Nouba - un cas classique d'épuration ethnique.

- Aram Harumi : Est-ce que ces voyages t'ont profondément marqué ?
- Samuel Totten : Oui. Trois choses, en particulier. Premièrement, les moments où les bombardiers Antonov déboulaient. Deuxièmement, le jour où nous l'avons échappé belle quand le Soukhoï a attaqué Heiban. Troisièmement, je tombe un jour sur un gamin qui avait déclenché accidentellement l'élément d'un obus non explosé; je fonce à travers le désert pour tenter de l'emmener dans le seul hôpital présent dans toute la région, mais il finit par mourir. Non seulement ses jambes avaient été arrachées, les os sortant de la peau (une fracture ouverte), mais il avait une large et profonde blessure au bas de l'abdomen qui avait réduit en bouillie la plupart de ses organes. Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de mal à évoquer la mort de ce gamin qui, par ailleurs, avait marché plus de 16 kilomètres loin de chez ses parents pour trouver des mangues. Je suis plutôt un dur à cuire, mais chaque fois que je pense à ce pauvre gamin innocent, faut que je me force à pas pleurer. Et enfin, la dernière fois où j'étais dans les Monts Nouba, je croise un groupe de gens qui vivotaient dans un semblant de camp pour déplacés; là, je découvre de nombreux nourrissons si faibles qu'ils n'arrivaient littéralement pas à lever la tête; c'est à dire que leurs petites têtes pendaient de côté, comme des poupées de chiffon. Ça, ça te prend aux tripes.

- Aram Harumi : Aurais-tu un message à faire passer sur ton séjour dans les Monts Nouba ?
- Samuel Totten : Le fait que les populations civiles des Monts Nouba sont complètement isolées. Personne, je dis bien personne, mis à part des gens comme moi, n'essaie de les aider. Ni les Nations Unies. Ni le Programme Alimentaire Mondial. Ni Oxfam. Ni Médecins Sans Frontières. Aucune organisation humanitaire n'existe dans les Monts Nouba - de peur d'être attaquée et massacrée par le gouvernement soudanais.

En fait, le président du Soudan, Omar al-Béchir, a déclaré que quiconque franchit la frontière avec le Soudan sans y avoir expressément été autorisé par son gouvernement, aurait la gorge tranchée. Je m'imagine que ce n'est pas une menace en l'air, car lorsque la guerre a éclaté en juillet 2011, les soldats soudanais allaient de porte en porte dans les villes et les villages, frappaient aux portes et, si ceux qui répondaient était apparentés d'une façon ou d'une autre aux Noubas, ils étaient égorgés d'une oreille à l'autre, perdaient leur sang et mouraient là même où ils gisaient à terre.

- Aram Harumi : Comment les gens peuvent-ils t'aider à collecter de l'argent pour les populations des Monts Nouba ?
-  Samuel Totten : Oui, merci pour ta question. Les gens peuvent m'envoyer un chèque destiné à l'achat de nourriture et/ou de médicaments pour les populations Noubas. Mon adresse est 18967 Melanie Road, Springdale, Arkansas 72764. Pas un seul dollar ne servira à autre chose que de la nourriture - et pas à financer des voyages, ni à louer un véhicule et un chauffeur, ni à engager un interprète, etc.

Je tiens à préciser que chaque voyage pour amener de la nourriture dans les Monts Nouba coûte environ 8 000 dollars. Acheter de la nourriture pour les Noubas revient entre 3 000 et 4 000 dollars. Et puis je dois couvrir le coût aller-retour de mon billet d'avion pour Nairobi, au Kenya; un autre billet d'avion aller-retour pour Djouba au Soudan du Sud; et un troisième pour le camp de réfugiés de Yida, le long de la frontière entre le Soudan du Sud et le Soudan; la location d'un Land Cruiser et le salaire du chauffeur, d'un interprète, etc.             

NdT

1. William Styron, Les confessions de Nat Turner, traduit de l'américain par Maurice-Edgar Coindreau, Paris : Gallimard, 1969
2. William Styron, Le choix de Sophie, traduit de l'américain par Maurice Rambaud, Paris : Gallimard, 1981
3. Rose Styron, "Torture in Chile,"The New Republic, March 20, 1976, p. 15-17
4. Israel W. Charny, ed., Genocide: A Critical Bibliographic Review, Vol. 1, Mansell, 1988

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Traduction : © Georges Festa - 12.2017



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