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Nora N. Nercessian - The City of Orphans

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 © Hollis Publishing, 2016

City of Orphans raconte l'histoire du plus grand orphelinat au monde



BOSTON - Dans son nouveau livre, The City of Orphans, Nora Nercessian raconte l'histoire du plus grand orphelinat au monde, créé dans ce que l'on appelait en 1921 Alexandropol, la ville la plus importante et autrefois prospère de l'Arménie russe. Après deux occupations de six mois sur trois ans par les forces turques, Alexandropol (future Léninakan et actuelle Gumri) accueillit le plus grand orphelinat au monde, hébergeant près de 25 000 orphelins, presque tous originaires d'Arménie Occidentale.

Pour la première fois, toute cette histoire est racontée. Dans ce volume de 640 pages, Nercessian retrace les événements qui ont conduit à la formation de la Ville des Orphelins, son développement au début des années 1920 et sa fermeture finale en 1931, dans des circonstances dramatiques.

Le livre se focalise sur ce projet unique du Near East Relief, lancé tout d'abord en 1919, consistant à rassembler des orphelins arméniens dans des baraquements militaires que le tsar avait fait construire à Alexandropol pour loger des milliers de soldats de l'armée impériale, ainsi qu'un important arsenal militaire, destiné à être utilisé lors des guerres contre l'empire ottoman. Lorsque les baraquements furent abandonnés, suite à la révolution russe de 1917, en accord avec le gouvernement de la Première république d'Arménie, puis avec le gouvernement d'Arménie soviétique, le Near East Relief peupla les baraquements d'orphelins recueillis en divers lieux de l'Arménie et dans le sud du Caucase.

Près de 170 baraquements militaires qui, si on les avait alignés côte à côte, se seraient étendus sur plus de trois kilomètres, furent convertis en dortoirs, ateliers, salles de classe et hôpitaux pour les orphelins. En 1922, la "Ville des orphelins" fut présentée dans des centaines de journaux et de revues aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande et ailleurs, comme le plus vaste orphelinat au monde qui ait jamais existé et la pierre angulaire de la gigantesque entreprise humanitaire du Near East Relief dans la prise en charge des orphelins au Proche-Orient au début des années 1920.

La ville des orphelins s'agrandit et prospéra, au moment où l'Arménie devenait un Etat soviétique. Comme les Etats-Unis ne possédaient pas de mission diplomatique en Union Soviétique durant les années 1920, le Near East Relief américain et les commissaires d'Arménie soviétique entamèrent une collaboration unique, qui dura jusqu'à la prise du pouvoir par Staline. Le Near East Relief se retira définitivement en 1931, dans le contexte des premiers simulacres de procès à Moscou, prélude aux purges staliniennes, quelques années plus tard.

Plongés dans une réalité politique complexe, ces 25 000 orphelins grandirent dans les anciens baraquements militaires du tsar, sous la tutelle des employés du Near East Relief américain et des commissaires de l'Arménie soviétique, chaque partie insistant sur ses prérogatives pour faire de ces orphelins arméno-ottomans des citoyens d'une Arménie nouvelle.

Au lendemain du 100ème anniversaire du génocide arménien, The City of Orphans pourrait être regardé comme une énième étude sur les rescapés les plus jeunes du génocide arménien. C'est le cas, mais bien plus encore. L'ouvrage livre une micro-histoire des rencontres entre les valeurs et les pratiques occidentales et des sociétés en cours de développement.

Ce nouveau livre étudie la vie de l'orphelinat à travers plusieurs prismes : détails quotidiens, nécessaires à la mise en œuvre d'une telle entreprise; interaction des orphelins avec le personnel humanitaire américain et leurs homologues arméniens; négociations constantes entre le Near East Relief et les autorités gouvernementales arméniennes; le tout reconstitué grâce aux archives officielles arméniennes et américaines, à des journaux, des mémoires et des correspondances d'orphelins et d'employés humanitaires, ainsi que des articles de presse du monde entier. Plus important encore, l'auteur met l'accent sur le ressenti, les perceptions et la vision du monde des orphelins eux-mêmes, durant leur séjour.

Le volume recense (avec leurs photos, lorsqu'elles étaient accessibles) plus de 700 employés américains et arméniens en charge de ce vaste orphelinat, avec de courtes biographies, quand cela fut possible. En outre, The City of Orphans cite les noms de plus de 12 000 orphelins, avec la date et le lieu de naissance, ainsi que leur patronyme. L'ouvrage comprend aussi plus de 200 photographies.

The City of Orphans est l'histoire multiforme et trépidante de l'interaction entre la philanthropie, son potentiel et ses limites, n'épargnant aucun détail, fût-il positif ou négatif. Parmi ces orphelins se trouvent de grandes figures littéraires et artistiques à venir de l'Arménie soviétique, comme les écrivains Khatchig Dachtents, Hovhannès Chiraz, Sarmen [Arménak Sarkissian], le chanteur Choguik Mkrtchian, pour n'en citer que quelques-uns.

Ce récit alerte est plus qu'actuel car il fournit, pour reprendre la professeure Müge Göçek, de l'université du Michigan, "un éclairage précieux sur le potentiel de l'action philanthropique, ainsi que sur ses limites et l'interaction complexe entre violence, enfance et survie."

Ecrivain et comédien, Eric Bogosian évoque ainsi The City of Orphans de Nora N. Nercessian : "Riche en rebondissements, tandis que près de vingt mille orphelins de guerre survivent (contrairement à des milliers d'autres) sous le regard vigilant d'humanitaires protestants américains, eux-mêmes surveillés par les communistes."

Si l'on connaît bien les orphelinats du Moyen-Orient, l'on savait peu de choses sur le plus peuplé d'entre eux, situé à Alexandropol. Il s'agit aussi d'une étude des plus détaillée du fonctionnement quotidien de ces orphelinats, ainsi que de la politique inédite à grande échelle, menée à cette fin en Arménie soviétique.

Diplômée de l'université de Harvard et auteure de plusieurs ouvrages, Nercessian redonne vie à ces orphelins, dont les personnalités souvent affirmées n'avaient pas été pleinement reconnues. A partir de leurs corps apparemment inertes et quasi anonymes, les orphelins firent entendre leurs voix, avant même de quitter l'orphelinat. A chaque page et à chaque histoire, l'ouvrage nous fait vivre une rencontre d'une signification universelle.

L'ouvrage peut être commandé en ligne sur : http://cityoforphans.myprintdesk.net/DSF               

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Traduction : © Georges Festa - 07.2016



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