Un séminaire international jette les bases d'un 'Réseau européen des diasporas'
The Armenian Mirror-Spectator, 25.07.2015
PARIS - Le 28 juin dernier, l'Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB) Europe, l'European Union of Jewish Students et Phiren Amenca ont lancé conjointement leur projet-phare "Une Europe des Diasporas," lors d'un séminaire de trois jours à Paris. L'événement a réuni 40 militants, universitaires et spécialistes venus de 15 pays afin de comparer les expériences entre les diasporas arménienne, juive et rom en Europe.
Le réseau "Une Europe des Diasporas" a pour ambition d'aider à développer, affirmer et populariser la notion de diasporas européennes et d'encourager l'idée selon laquelle les identités n'ont besoin d'être liées ni à un territoire, ni à une source de pouvoir, pour être légitimes et valables. "Nous estimons que l'affirmation des diasporas sera importante pour le reste de la société en Europe, ainsi que pour les groupes concernés. Le réseau étudie aussi les opportunités que l'Europe peut apporter aux diasporas et réciproquement. Ensemble nous chercherons à développer un calendrier concret comme base d'un dialogue commun avec les institutions européennes," précise Nicolas Tavitian, directeur de l'UGAB Europe.
Lors de ce séminaire, les participants ont eu la possibilité d'exposer leurs préoccupations et leurs aspirations, et d'explorer les domaines dans lesquels une coopération pourrait être particulièrement utile, comme le recensement des discours de haine et des discriminations. Ils ont aussi décidé de coopérer au sujet de la mémoire et de la commémoration des génocides, des événements qui ont impacté ces trois communautés et dont l'héritage reste perceptible dans la société européenne.
Ce séminaire s'est tenu dans un contexte de manifestations de plus en plus fréquentes et violentes d'antisémitisme en Europe, de discrimination et d'un discours hostile au sein de l'opinion contre les Roms, outre les tensions et polémiques à travers le monde concernant les récentes commémorations du génocide arménien.
La manifestation a aussi accueilli comme intervenants Georges Prévélakis, professeur à l'Université Paris I - Panthéon Sorbonne, et Philippe Lazar, éditeur de la revue Diasporiques, pour débattre du phénomène diasporique et des perspectives des diasporas dans les sociétés européennes modernes. Prévélakis souligna l'importance des diasporas en tant que réseaux, leur rôle historique de réseaux de confiance dans le commerce et leur importance résurgente au sein des entreprises internationales. Lazar évoqua la culture des diasporas, soutenant que leur connectivité transnationale est une étape vers la rupture des frontières qui séparent les identités nationales. Lazar est allé jusqu'à plaider pour la reconnaissance officielle des diasporas au niveau international. "Le minimum serait maintenant de demander aux Nations Unies d'étendre ce qu'elles ont appelé en 1945 un principe d'"autodétermination des peuples" au droit pour tout "peuple" de vivre en diaspora et pas seulement dans un Etat-nation. Une telle décision permettrait tout d'abord de jeter les bases d'une véritable reconnaissance du droit d'exister pour les populations ne possédant pas leur propre territoire comme les Roms en Europe," a-t-il déclaré.
Le prochain séminaire aura lieu à Budapest en octobre 2015 et abordera les préjugés, le déni et les discriminations. Le troisième séminaire de ce programme - prévu à Sofia, en Bulgarie, en janvier 2016 - s'intéressera aux questions relatives à l'enseignement, en mettant l'accent sur les besoins spécifiques des enfants issus des diasporas dans les systèmes éducatifs en Europe.
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Traduction : © Georges Festa - 08.2015