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Anahit of Erebuni : A la découverte de Chouchanik Kourghinian (1876-1927) / Learn about Shushanik Kurghinian (1876-1927)

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 Camille Claudel, Sakountala(1925, détail), marbre, Musée Rodin, Paris
© https://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_Claudel#/media/File:VertumnusandPomonabyCamilleClaudel_.jpg

A la découverte de Chouchanik Kourghinian (1876-1927)



Chouchanik Kourghinian (née Popoldjiantz) est une poétesse et militante arménienne qui se servit de son art et de son engagement politique pour défendre et lutter contre toutes les sources d'oppression qui la ciblaient, elle et ses semblables, en tant qu'Arménienne, femme et membre de la classe ouvrière.

Née en 1876 à Alexandropol (actuellement Gumri, en Arménie), Chouchanik prit conscience au plan social en grandissant dans une famille pauvre, son père étant simple cordonnier. Elle naquit aussi à une époque où l'Arménie était divisée, partagée entre deux puissances étrangères différentes : l'Arménie Occidentale était sous domination turque, tandis que l'Arménie Orientale était contrôlée par l'empire russe. Ce qui, associé à sa prise de conscience sociale, l'amena à rejoindre le combat pour la libération des Arméniens et à devenir membre du parti social-démocrate arménien hentchak en 1893, qui luttait à la fois contre les Turcs et les tsaristes.

A 21 ans, désireuse de rassurer sa famille attachée aux traditions, Chouchanik épousa Archak Kourghinian, dont elle aura deux enfants. Mais le fait de constituer une famille ne l'empêcha pas de continuer son combat et, en 1903, elle se retrouva à Rostov-sur-le-Don et rejoignit les mouvements révolutionnaires en Russie qui conduiront à la création de l'Union Soviétique. En 1921, elle se rendit dans l'Arménie récemment soviétisée pour aider à reconstruire le pays.

Mais durant toute sa vie, un autre aspect essentiel de son combat fut voué à élever la condition des femmes arméniennes, à une époque où dans certaines régions elles n'avaient même pas le droit de prendre la parole en public.1Dans son poème puissant, "J'ai envie de vivre" (1907)2, Chouchanik va jusqu'à privilégier son combat contre les hommes, qui a besoin d'être mené à bien pour qu'elle puisse lutter main dans la main avec eux pour la libération de son peuple et de sa classe :

"J'ai envie de me battre - tout d'abord comme ta rivale,
à t'affronter, nourrie d'une vengeance ancienne
puisque, sans raison, ni pitié, tu
as fait de moi une vassale par amour et par force.
Alors, une fois réglés ces conflits propres à mon genre,
j'ai envie de me battre contre les épreuves de cette vie,
bravement, tout comme toi, main dans la main,
affrontant ce combat, à la vie à la mort."

Bien qu'elle reste largement méconnue aujourd'hui, la force de son engagement pour des droits égaux et le mouvement des femmes en fait une des plus importantes figures du féminisme arménien. Dans un autre poème intitulé "Unissons-nous" (1907)3, elle lance cet appel :

"Assez de porter sur nos épaules le fardeau du malheur
et de la douleur de ce néant !
Assez de ces lamentations voilant l'étincelle dans nos regards !
Assez de sacrifier la fleur de notre jeunesse à ces lois atroces,
délaissées, sans défense entre quatre murs,
assez de les laisser fermer les portes grandes ouvertes !
Viens, ma sœur, saluons le monde et appelons toutes nos camarades.
Trouvons une solution, dégageons une voie nouvelle, autre que cette vile et sombre
existence faite d'oppression.
Viens, ma sœur, unissons-nous, prenons part à ce grand combat
sacré.
Paralysées par la prison, assez de notre vie d'esclaves à l'esprit engourdi !
Ne les laissons plus, ces veinards, être aussi insolents en se lançant à l'assaut;
sans nous, crois-moi, ma sœur, ils n'atteindront aucun but, ils vont s'effondrer !
Viens, ma sœur, n'aie crainte, main dans la main, en sacrifiant tout
pour notre juste cause, chacune est égale et digne du combat
pour la lumière sacrée de la libération !"

Bien qu'écrits au début du 20ème siècle, ses mots trouvent toujours un écho parmi les femmes à travers le monde aujourd'hui. Une partie de son œuvre a été traduite en anglais grâce au travail remarquable et important de Shushan Avagyan, et publiée dans l'ouvrage intitulé I Want to Live: Poems by Shushanik Kurghinian par l'Armenian International Women's Association (2005).

Notes

3. "Two or Three Things She Knows About Shushanik" (2005). A video by Tina Bastajian on the translation of Shushanik Kurghinian's (1876-1927) poetry into English. - https://www.youtube.com/watch?v=KioWhgmX5rk

Lectures proposées :

"I Want to Live: Poems of Shushanik Kurghinian" par Eddie Arnavoudian, Groong, 27.02.2006 - http://www.groong.org/tcc/tcc-20060227.html (traduction française à paraître sur notre blog - G. Festa)
"A Forgotten Heritage," par Shushan Avagyan, Groong, 15.07.2003 - http://www.groong.org/tcc/tcc-20030715.html
"The Keepers of Our Letters," par Shushan Avagyan, Groong,  10.01.2005 -  http://www.groong.org/tcc/tcc-20050110.html  

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Traduction : © Georges Festa - 03.2019



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