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Paruyr Hayrikyan [Parouïr Hayrikian] - On a Quest of the Light

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 © Xlibris, 2015


Un roman d'Hayrikian, qui ravira ses lecteurs
par Mihran Toumajian
Keghart.com, 03.03.2016


[Keghart.com présente deux articles sur un dissident de l'époque soviétique, Parouïr Hayrikian : "Hayrikyan Novel Will Delight Readers" de Mihran Toumajian et «Ուղերձ Պարոյր Հայրիկեանին» [Adresse à Parouïr Hayrikian] de l'historien Rafael Hambardzumyan, ancien collègue d'Hayrikian. Toumajian a lu cette recension de l'ouvrage de Parouïr Hayrikian, récemment paru en anglais (Xlibris), lors d'une présentation à la Librairie Abril de Glendale, en Californie, le 3 mars dernier. Hayrikian et ses deux sœurs étaient présents lors de cette manifestation. NdE]

La traduction anglaise (par le regretté Aris Sevag), récemment parue, du roman autobiographique de Parouïr Hayrikian, On a Quest of the Light [En Quête de lumière], à la fois tragique lettre d'amour et mémoires, m'a fasciné. L'histoire est si rude, tendre et innocente que je l'ai lue d'une traite.

J'ai découvert le nom "Parouïr Hayrikian" début 1988, grâce au New York Times. L'année précédente, je m'étais mis à compiler des coupures de journaux et de magazines et à les disposer par ordre chronologique dans un album. En 1987-1988, cet album fut rapidement rempli, suite à une couverture régulière, en particulier par le chef du bureau du Timesà Moscou, Bill Keller, des manifestations monstres en Arménie Soviétique. Les manifestations concernaient au début la situation environnementale inquiétante de cette république. Puis elles se transformèrent en slogans condamnant les pogroms perpétrés contre la minorité arménienne de Sumgaït, en Azerbaïdjan. Suivies de manifestations affirmant le droit à l'autodétermination et à la libération nationale de l'Artsakh, ainsi qu'à un rattachement à l'Arménie. Les manifestations furent de plus en plus nombreuses, tandis que la population scandant des slogans descendait dans la rue.

Rappelons que les toutes premières manifestations de masse devant le siège du KGB eurent lieu à Erevan durant l'été 1988 pour réclamer la libération de Parouïr Hayrikian, un dissident de longue date et prisonnier politique, incarcéré au début de cette année-là sur de fausses accusations. La demande de libération d'Hayrikian par les manifestants aboutit à un appel international à la justice, comptant des homologues dissidents de toute l'Union Soviétique, sous la houlette du physicien Andreï Sakharov et de son épouse à demi-arménienne Elena Bonner, auxquels se joignirent le Président Ronald Reagan et des membres du Congrès des Etats-Unis, pour la plupart républicains. Cette union inhabituelle fit pression sur le Secrétaire général d'alors du Parti Communiste d'Union Soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, pour qu'il libère ce dissident arménien. Bien qu'Hayrikian fut rapidement relâché, il fut temporairement exilé d'Arménie, où il menait son combat, ainsi que ses homologues dissidents non-violents, depuis la fin des années 1960.

Ma fascination pour la couverture du Timesdes manifestations historiques en Arménie - qui contribuèrent à précipiter l'effondrement de l'Union Soviétique - se mua rapidement en incrédulité, lorsque le tremblement de terre du 7 décembre 1988 frappa le nord de l'Arménie. Ce n'était plus seulement le Timesqui s'intéressait alors à l'Arménie, mais les médias du monde entier.  

Hayrikian, ainsi que ses homologues militants et dirigeants du Parti National Unifié - P.N.U. (Azkaïn Miatsial Gousagtsoutioun) clandestin, créé en 1966 par Haykaz Khachatrian, Chahen Haroutounian et Stepan Zatikian (qui sera exécuté en 1978 par le pouvoir soviétique) et actif durant les années 1970 et jusqu'au milieu des années 1980, furent les catalyseurs des manifestations de masse de 1988 en Arménie, appelant à son unification avec l'Artsakh. Malgré le prix élevé qu'ils payèrent pour leur vie, leurs familles et leur santé, l'étincelle allumée par Hayrikian et ses homologues ne put jamais être éteinte, si l'on en juge par la vague humaine qui se fit entendre lors des manifestations de 1988 en faveur de la paix, de l'unité et de la justice.

Cette étincelle s'adressait à une opinion s'éveillant à une conscience nationale, laquelle avait imprégné les cœurs et les esprits des masses lors des manifestations du 24 avril 1965 à Erevan, demandant pour la première fois la reconnaissance du génocide arménien par les autorités soviétiques, entonnant le Mer hogherouh, mer hogherouh, comme lors du succès de l'opération "Sacrée claque" du Parti National Unifié, quasiment dix ans plus tard. Opération qui consista à brûler un grand portrait de Lénine sur la grande place d'Erevan, alors qu'Andreï Gromyko, membre du Politburo, était en visite officielle en Arménie, et à laquelle l'A. consacre plusieurs développements dans ses mémoires en forme de lettre, On a Quest of the Light.

L'ouvrage dépeint toutefois une autre "étincelle," impliquant deux jeunes adultes à l'esprit libre, dont l'attraction mutuelle croît avec le temps. L'A. est le protagoniste, tandis que la studieuse et innocente Loussiné est l'héroïne. Leur attirance physique réciproque avance au point qu'ils se comprennent mutuellement, qu'ils découvrent leurs goûts et aversions personnelles, et qu'ils commencent à se faire confiance et à préoccuper l'un de l'autre. Au début, Loussiné hésite à présenter ses hamakoursetsis [semblables] à son nouvel ami, qui garde prudemment ses distances vis-à-vis des camarades de classe de Loussiné dans un premier temps. Mais, dès que les liens du couple se font plus solides, Erevan se mue en un océan d'aventures pour le couple : ils vont à des concerts, bien qu'accompagnés d'un tiers; le protagoniste compose de la poésie et de la musique. Des vignettes de ses chansons, ayant pour thème l'amour et la souffrance, parcourent la lettre de l'A. à Loussiné et répandent fraîcheur et pureté au sein d'une société en décrépitude, où règnent copinage, peur et répression.

A l'insu de l'héroïne, mais pas du protagoniste, chaque fait et geste de Loussiné et de son petit ami dans les coins et recoins d'Erevan sont surveillés par le KGB. Alors qu'ils se fréquentent, le protagoniste a déjà été emprisonné deux fois (en 1969 et en 1973) et sait combien les interrogateurs abusent de leur pouvoir, s'agissant d'étouffer toute velléité de conscience nationale arménienne.

Alors que l'A. tend à être ponctuel lors de ses rendez-vous avec Loussiné, au grand dam de l'héroïne et - une fois - à sa grande consternation, certaines rencontres n'arrivent pas à se concrétiser ou ont lieu plus tard que prévu, du fait du soin porté par le protagoniste à la coordination et à l'exécution méticuleuse des actions clandestines du P.N.U.

En 1973 et 1974, les services de sécurité arméniens, avec l'aide de leurs homologues à Moscou, se mirent à rassembler les pièces du puzzle, afin de démanteler la direction du P.N.U. Alors que les amis du protagoniste sont arrêtés, interrogés et finalement déclarés coupables lors de simulacres de procès, notre héros échappe à ses gardiens, jusqu'à son départ pour Moscou en 1973. Il y fait la connaissance de ses homologues dirigeants dissidents soviétiques, qui parviennent à informer la communauté internationale du calvaire des militants arméniens emprisonnés. A l'insu du protagoniste, ces rencontres sont surveillées par les services secrets, qui finissent par partager cette "mine d'or" d'informations avec le KGB d'Arménie, véritable poisson dans l'eau. Au retour du protagoniste en Arménie et à sa réintégration comme étudiant à l'Université Polytechnique d'Erevan, les vents mauvais balaient les efforts du héros pour poursuivre des études supérieures et son Blanc et délicat oiseau d'amour, pour paraphraser une des chansons de l'A. Le protagoniste tente de révéler son identité à Loussiné lors de ce qui sera leur dernière rencontre, tard le soir, chez l'héroïne. Mais ce n'est pas le cas. Notre héros justifie sa décision de garder le silence afin de la protéger.

Comme si quatre années de goulag ne suffisaient pas, les services de sécurité, procureurs et juges de l'époque de Brejnev et d'Andropov condamnent le héros à treize ans d'emprisonnement et de travaux forcés. Et si le souvenir de son amour lui donne volonté et vigueur pour supporter mauvais traitements, isolement et travaux pénibles, le héros aurait probablement connu une fin pénible - tout comme ses amis dissidents - s'il n'y avait pas eu son ange gardien, son âme sœur, sa future épouse - l'infatigable Elena Sirotenko - qui se tient à ses côtés durant des années, qui part dans une ville sibérienne proche du camp de travail où son amour s'échine au travail, durant ses treize années de captivité.

La lettre d'Hayrikian à Loussiné, On a Quest of the Light, est à lire absolument pour des gens de tous horizons, qu'ils soient épris de littérature, férus d'histoire, mordus de politique ou soucieux des droits de l'homme, manifestant pour de justes et nobles causes. Si l'A. ne peut finalement trouver l'incarnation de cette lumière, sa chère Loussiné, plus tard dans sa vie, il ne fait aucun doute que son sacrifice et son combat pour l'indépendance font naître une lumière nouvelle pour sa nation, une lumière qui fait face aux vicissitudes du fait national depuis 1991, mais qui maintient fièrement sa flamme, comme notre ancienne et majestueuse montagne, l'Ararat.                              

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Traduction : © Georges Festa - 05.2016



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