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Proud son of Hadjin. A Memoir of an Armenian Genocide Survivor. The Story of Asadour Chalian [Un digne fils d'Hadjin. Mémoires d'un survivant du génocide arménien. L'histoire d'Assadour Tchalian]

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 © Asbarez Publishing / Armenian Media Network, 2015


Nouvelles du Taurus
par Garen Yegparian
Asbarez, 23.04.2016


J'ai été honoré et enthousiasmé, il y a quelques semaines, lorsque Ara Khatchatourian, éditeur d'Asbarez, m'a demandé de faire la recension de Proud son of Hadjin. A Memoir of an Armenian Genocide Survivor. The Story of Asadour Chalian [Un digne fils d'Hadjin. Mémoires d'un survivant du génocide arménien. L'histoire d'Assadour Tchalian].

Cet ouvrage s'est fait longtemps attendre et s'ajoute aux ressources en langue anglaise accessibles aux lecteurs désireux d'approfondir leurs connaissances, non seulement sur ce qui arriva durant le génocide, mais aussi avant et après. La rédaction de ces mémoires débuta dans les années 1920, avec des ajouts au fil du temps, et se poursuivit jusqu'à la fin des années 1950. J'en appris pour la première fois l'existence au milieu des années 1980.

Un de mes arrière-grands-pères était originaire d'Hajin/Hadjin, une ville nichée dans les montagnes de l'Anti-Taurus, au nord d'Adana et de Sis (cette dernière étant actuellement en litige avec le catholicossat de Cilicie, qui tente de récupérer ses biens là-bas). Par conséquent, je me suis toujours intéressé au contenu de ces mémoires, en particulier la fameuse défense de la ville contre le siège entrepris par les sbires d'Atatürk. Si l'on ajoute à cela le fait qu'il ne reste apparemment aucune trace d'Hajin, d'après ce que l'on peut voir sur Google Earth, l'on peut mesurer l'importance de ces nouvelles informations disponibles.

J'ai apprécié la vie d'avant le génocide, celle de l'auteur et de sa ville, présentées au début du livre. Le récit progresse ainsi, entrelaçant le personnel et le collectif, en faisant une lecture très agréable.

Rebondissement inattendu, la description de la période du siège, vu de l'extérieur. Il s'avère qu'Assadour Tchalian fut chargé d'organiser l'acheminement en  hommes et en matériel à partir d'Adana, où il avait monté une affaire, afin d'aider ses compatriotes. Il relate la perfidie des Français, qui laissèrent Hadjin tomber aux mains des Turcs, et le massacre qui s'ensuivit, faisant plusieurs milliers de victimes. Le récit est déchirant, tout en témoignant de la trahison que l'Arménie et les Arméniens vécurent de la part des Alliés de la Première Guerre mondiale et du Sénat des Etats-Unis, lequel refusa d'avaliser la volonté du président Woodrow Wilson d'administrer sous mandat la première république d'Arménie.

Tchalian relate aussi certains aspects de la politique arménienne, allant de pair avec les manigances des Français et des Turcs, rendant cette histoire très intéressante. De même, lorsqu'il présente une partie de l'action organisationnelle mise en œuvre, suite au génocide, par et pour les ressortissants d'Hadjin en diaspora, il intègre la rivalité partisane des hentchaks et des dachnaks au tissu du récit. L'acrimonie qui accompagne d'ordinaire ce genre d'évocations est néanmoins absente. Il souligne à plusieurs reprises le respect qu'il reçoit de tous côtés, bien qu'il soit dachnak, à une exception près. Lors d'un épisode particulièrement tendu, après qu'un différend concernant une femme entre un dachnak et un hentchak, qui entraîne la mort de ce dernier, ait pris une tournure partisane, Assadour Tchalian est jeté à terre, se brisant une épaule.

Naturellement, l'auteur clôt son récit en fournissant fièrement à ses lecteurs une mise à jour concernant les études brillantes de ses enfants et la naissance de son premier petit-fils.

L'agencement du livre est lui aussi intéressant. La première partie est constituée par la traduction anglaise. Suivie par la transcription de l'original arménien (que je n'ai pas lu). Toutes deux sont émaillées de photographies historiques - portraits, scènes quotidiennes à Hajin - et de pages du manuscrit original de ces mémoires. Çà et là, la traduction anglaise aurait pu être améliorée, mais ce sont là des points secondaires, auxquels pourra remédier une nouvelle édition.

Je suis resté sur ma faim et j'espère lire Hadjno Enthanour Badmoutioun (Histoire générale d'Adjin], un livre que j'ai découvert à la mort d'une des sœurs de ma grand-mère, il y a 35 ans. J'espère aussi que la tendance à publier (ou rééditer en traduction anglaise) des mémoires datant de cette époque se poursuivra. Le collectif du Gomidas Institute réalise ce type de travail (et, sans lien avec cette parution, vient de publier l'ouvrage de l'ambassadeur John Evans, Truth Held Hostage [La vérité prise en otage]). (1)

La version arménienne a fait l'objet d'une recension par Garo Armenian, parue le 22 mars dernier dans Asbarez (2).       

Chose émouvante, l'ouvrage a été financé - du coût de la traduction à l'édition - par plusieurs petits-enfants d'Assadour Tchalian, comme une façon de perpétuer à la fois leur famille, Hajin et l'histoire arménienne.

Je recommande vivement la lecture de ces mémoires, non seulement parce qu'ils sont fort bien présentés, mais aussi parce qu'ils ajoutent à notre connaissance d'une part de notre patrie, qui ne compte que quelques pépites en anglais.

L'ouvrage est accessible gratuitement en contactant Asbarezou bien la famille.   

[J'ai recherché Saimbeyli, un petit village turc, près d'Hajin. Il existe encore, avec plusieurs structures visibles. Mais, quand on parcourt le voisinage sur Google Earth, l'on ne voit aucune trace d'habitations antérieures - zones aplaties, structures effritées, rien qui puisse suggérer des habitations antérieures, autres que ce qui fut peut-être des terrasses à flanc de colline destinées à des vergers qui semblent maintenant inutilisés. Naturellement, ce n'est pas là une manière précise de décider s'il reste quelque chose d'Hajin, mais elle est très suggestive.]   

Notes

1. John M. Evans. Truth Held Hostage: America and the Armenian Genocide - What Then? What Now? London: Gomidas Institute, 2016, xxx + 170 p.
2. http://asbarez.com/arm/249244/ [en arménien]

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Traduction : © Georges Festa - 05.2016



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